«L’ignorance des Européens de la question sahraouie m’étonne»
Le réalisateur belge, Pierre-Yves Vandeweerd, est l’une des figures marquantes de cette manifestation. Le cinéaste a ainsi présenté son dernier documentaire sorti le 30 novembre dernier autour de la question sahraoui. «Territoire perdu» perdu est le titre de ce film-documentaire de 74 minutes dans lequel, le réalisateur exprime son engagement envers ce peuple longtemps spolié de sa terre et dont l’opinion internationale reste indifférente.
Avant de laisser place aux images poignantes d’un peuple qui souffre en silence, le réalisateur Vandewweerd a exprimé avec désenchantement de voir encore des personnes en Occident, particulièrement en Europe ignorer la question du peuple sahraoui et sa souffrance ainsi que le combat qu’il mène pour reprendre la terre de leur ancêtre qui se trouve à ce jour sous le joug colonial. «J’ai un peu le sentiment que la question sahraouie est peu évoquée en Europe. Je suis toujours étonné quand des personnes me disent, après avoir vu mon film, qu’’ils pensaient qu’il n’y avait plus de conflit dans la région », souligne-t-il.
Il a estimé que cette ignorance est la cause des médias européens et la manière avec laquelle ils traitent le sujet. De ce fait les gens en Europe ignorent le fait qu’une centaine de milliers de sahraouis sont réfugiés dans des camps en situation d’exil et d’un mur de 2.400 kilomètres qui traverse le Sahara occidental, construit par le Maroc et qui entrave la liberté de mouvement du peuple sahraoui.
Ainsi, Territoire perdu est l’histoire du peuple sahraoui vue au travers de récits de fuites et d’exil, d’interminables attentes et de combats suspendus, de vies arrêtées et persécutées. Traversé par un mur de 2.400 kilomètres construits par l’armée marocaine, le Sahara occidental est aujourd’hui découpé en deux parties : l’une occupée par les forces de colonisation marocaine, l’autre contrôlée par le Front de libération du Sahara occidental. Entre paysages sonores, portraits en noir et blanc et poétique nomade, Pierre-Yves Vandeweerd évoque quarante ans d’une oppression qui jamais n’a fait la «une» de l’actualité.
Avec ce documentaire le réalisateur a dû parcourir les territoires occupés du Sahara occidental, la Mauritanie, les territoires libérés par le Front Polisario et les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, pour compiler des données essentielles pour comprendre ce conflit qui date de 1975. Un drame humain présenté avec tact et professionnalisme.
Territoire perdu est un beau documentaire bâti sur une collecte de traces, hanté par la question de la rémanence. Que reste-t-il d’une situation figée depuis près de quarante ans ? Des récits, des visages, un paysage - celui du Sahara occidental -, des gestes et c’est à peu près tout. Leur collusion, dans un montage d’images et de sons très impressionnant, ne s’en tient pas à la seule évocation du conflit. Au contraire, elle le saisit dans sa pleine réalité de mirage. Mirage de la communauté internationale. Mirage des autorités compétentes. Mirage des Sahraouis eux-mêmes qui se battent pour une terre qu’ils ont perdue de vue. Peu à peu, alors que les témoignages des exilés, tous plus affligeants, se succèdent en off, les paysages désertiques se gonflent de la présence spectrale des disparus. Le désert est le lieu de tous les recouvrements, de la dissimulation, de l’oubli. Les preuves d’un crime, d’un massacre, d’un génocide s’y perdent en un rien de temps. Dans ces colonnes de poussière, dans ces nuées de cendres, seuls les visages des exilés, burinés par le soleil, plissés par les souffrances et les privations, semblent tenir en place. Pour les Sahraouis, peuple décentré, pris dans un espace mouvant, le souvenir, la dureté du souvenir, sa fixité, a revêtu une importance vitale.
Par : Kahina Hammoudi
Avant de laisser place aux images poignantes d’un peuple qui souffre en silence, le réalisateur Vandewweerd a exprimé avec désenchantement de voir encore des personnes en Occident, particulièrement en Europe ignorer la question du peuple sahraoui et sa souffrance ainsi que le combat qu’il mène pour reprendre la terre de leur ancêtre qui se trouve à ce jour sous le joug colonial. «J’ai un peu le sentiment que la question sahraouie est peu évoquée en Europe. Je suis toujours étonné quand des personnes me disent, après avoir vu mon film, qu’’ils pensaient qu’il n’y avait plus de conflit dans la région », souligne-t-il.
Il a estimé que cette ignorance est la cause des médias européens et la manière avec laquelle ils traitent le sujet. De ce fait les gens en Europe ignorent le fait qu’une centaine de milliers de sahraouis sont réfugiés dans des camps en situation d’exil et d’un mur de 2.400 kilomètres qui traverse le Sahara occidental, construit par le Maroc et qui entrave la liberté de mouvement du peuple sahraoui.
Ainsi, Territoire perdu est l’histoire du peuple sahraoui vue au travers de récits de fuites et d’exil, d’interminables attentes et de combats suspendus, de vies arrêtées et persécutées. Traversé par un mur de 2.400 kilomètres construits par l’armée marocaine, le Sahara occidental est aujourd’hui découpé en deux parties : l’une occupée par les forces de colonisation marocaine, l’autre contrôlée par le Front de libération du Sahara occidental. Entre paysages sonores, portraits en noir et blanc et poétique nomade, Pierre-Yves Vandeweerd évoque quarante ans d’une oppression qui jamais n’a fait la «une» de l’actualité.
Avec ce documentaire le réalisateur a dû parcourir les territoires occupés du Sahara occidental, la Mauritanie, les territoires libérés par le Front Polisario et les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, pour compiler des données essentielles pour comprendre ce conflit qui date de 1975. Un drame humain présenté avec tact et professionnalisme.
Territoire perdu est un beau documentaire bâti sur une collecte de traces, hanté par la question de la rémanence. Que reste-t-il d’une situation figée depuis près de quarante ans ? Des récits, des visages, un paysage - celui du Sahara occidental -, des gestes et c’est à peu près tout. Leur collusion, dans un montage d’images et de sons très impressionnant, ne s’en tient pas à la seule évocation du conflit. Au contraire, elle le saisit dans sa pleine réalité de mirage. Mirage de la communauté internationale. Mirage des autorités compétentes. Mirage des Sahraouis eux-mêmes qui se battent pour une terre qu’ils ont perdue de vue. Peu à peu, alors que les témoignages des exilés, tous plus affligeants, se succèdent en off, les paysages désertiques se gonflent de la présence spectrale des disparus. Le désert est le lieu de tous les recouvrements, de la dissimulation, de l’oubli. Les preuves d’un crime, d’un massacre, d’un génocide s’y perdent en un rien de temps. Dans ces colonnes de poussière, dans ces nuées de cendres, seuls les visages des exilés, burinés par le soleil, plissés par les souffrances et les privations, semblent tenir en place. Pour les Sahraouis, peuple décentré, pris dans un espace mouvant, le souvenir, la dureté du souvenir, sa fixité, a revêtu une importance vitale.
Par : Kahina Hammoudi